Petite histoire de la traçabilité
L’histoire de la supply chain est bien évidemment corrélée à celle des armées, ainsi qu’au développement de l’industrie et du transport. Mécanisation des chaînes de productions d’un côté et démocratisation des véhicules à moteurs de l’autre ont entraîné la complexification de la logistique et la naissance de la supply chain mondialisée.
En parallèle, la nécessité de tracer et tracker s’est rapidement imposée, notamment dans l’agroalimentaire.
Dans cet article, ACCELIIS retrace dans les grandes lignes l’histoire de cette prise de conscience et des solutions apportées.
La naissance de la traçabilité
La traçabilité apparaît avec les premières traces écrites. Dès la préhistoire avancent certains. Car la traçabilité est bien la trace écrite, dessinée ou informatique (selon les époques), consultable par un tiers, du passage d’une marchandise en un lieu ou de sa transformation. Ainsi les premiers hommes auraient représenté leur tableau de chasse sur les murs… Vous trouvez cela un peu exagéré ? Nous aussi.
Si nous avançons un peu dans le temps, nous pouvons facilement imaginer que la traçabilité est née avec les échanges marchands. Peut-être même en premier lieu afin de permettre aux administrations de tenir le compte des contributions. Cela nous ramènerait donc à l’époque des scribes !
De simples annotations sur des tablettes d’argile, des papyrus ou autres supports naturels selon les cultures avec comme information : qui, quoi, pour qui et éventuellement quand. On se rapproche donc de la tenue de registres telle qu’on la conçoit aujourd’hui.
Du “laisser trace” à la traçabilité : les denrées alimentaires
Le terme “traçabilité” est officiellement entré au dictionnaire dans les années 2000. Mais sur le terrain, son usage remonte à quelques centaines (pour ne pas dire milliers) d’années plus tôt.
Nous l’avons mentionné en introduction : c’est dans le cadre de la production de denrées alimentaires que la nécessité de garder la trace de la provenance des marchandises s’est le plus tôt imposée. Ainsi, les premiers sceaux permettant de marquer physiquement le bétail sont apparus dès la domestication de l’animal par l’homme. Ces marquages primitifs, permettant simplement d’indiquer qui est propriétaire de l’animal vivant, ont bien sûr évolué en permettant de tracer les carcasses puis leurs produits transformés.
Ces systèmes ont évolué de manière continue jusqu’à l’époque moderne. En France, c’est en 1978 que l’identification pérenne généralisée (IPG) entre en vigueur. En dotant l’animal vivant d’une véritable carte d’identité, elle constitue le premier maillon d’une traçabilité efficace et sécurisée, de l’élevage à l’assiette.
Plus d’infos sur l’identification des animaux d’élevage en France
C’est également grâce à la traçabilité des produits et sous-produits animaux que les appellations et autres labels garantissent l’origine et les conditions de production des meilleures viandes et fromages européens.
Les boissons alcoolisées ont elles-aussi connu des formes primitives de traçabilité dès l’antiquité. Amphores et jarres, puis tonneau et bouteilles permettaient et permettent encore d’indiquer sur le contenant les informations essentielles à l’identification précise du liquide contenu. Ces informations et leur fiabilité sont les garants de la valeur marchande du contenu. D’où leur importance et leur codification dès les premiers échanges marchands.
La traçabilité des fruits, légumes et céréales a été plus tardive. En effet elle est plus difficile et jugée moins nécessaire jusqu’à l’époque moderne. Ces denrées sont plus faciles à identifier et moins sensibles que les produits et sous-produits animaux.
La traçabilité des productions non alimentaires : le boom des révolutions industrielles
Hors alimentaire, les productions précieuses, (notamment les tissus et autres confections artisanales) étaient suivies. Ici encore, leur origine et composition ainsi que les techniques de productions employées sont importantes et justifient leur prix. En plus d’un éventuel marquage, les registres permettent très tôt de garder la trace de leurs mouvements et des transactions qui y sont associées.
C’est donc en partie via l’export et l’import de marchandises que les pratiques liées à la traçabilité se développent. Elles se renforcent avec la première révolution industrielle, au cours de laquelle on assiste à l’industrialisation de la traçabilité. Elle devient ensuite indispensable à l’identification et au suivi des productions lors de la deuxième révolution industrielle.
Depuis les années 1970, la troisième révolution industrielle, qui est avant tout une révolution informatique, a entraîné un bouleversement des processus productifs. L’automatisation et le partage d’informations s’accélèrent alors. A la fin de la décennie, la RFID se répand dans le secteur privé et dans les années 1980 les premiers systèmes de lecture automatisée sont fonctionnels.
Grâce à l’outil informatique, la mise en œuvre de la traçabilité des numéros de série et les numéros de lots a été facilitée. Les systèmes de traçabilité permettent donc dès cette période un suivi complet et fiable d’un bout à l’autre de la chaîne, soutenus par la réglementation des échanges internationaux.
A l’ère de l’industrie 4.0, la traçabilité s’oriente vers toujours plus de numérisation et s’empare des nouvelles technologies telles que les beacons et les blockchains.
Où en est-on de la logistique 4.0 ?
L’essor de la traçabilité : quand le consommateur entre en jeu
Si nous nous projetons quelques dizaines d’années en arrière, les mentions “Made in” et de composition des produits suffisaient globalement au consommateur pour faire son choix. La traçabilité n’intéresse que rarement, généralement réduite à celle des produits carnés, en particulier en cas de scandale sanitaire.
Mais ces dernières années, les attentes ont évolué et se sont renforcées. La faute (ou grâce…) aux diverses tromperies qui font régulièrement la une des médias. En voici deux exemples récents, qui concernent l’alimentaire :
- “Près de 60 % des poivres testés par la Répression des fraudes en 2018 se sont révélés trafiqués.” révèle un article du Parisien en mars 2021
- “Nous avons analysé 26 huiles pour vérifier qu’elles étaient bien « vierge extra » comme annoncé. Résultat : 16 ont été déclassées dans la catégorie inférieure. Du jamais vu chez Que Choisir !” d’après cet article datant du mois de juin.
Jouets et textile sont, avec l’alimentation et les cosmétiques, des produits pour lesquels la confiance est essentielle. La traçabilité est un garant ! L’industrie textile s’empare aujourd’hui avec intelligence de la blockchain pour la rendre infalsifiable et consultable par tous. En scannant un QR code, l’acheteur potentiel peut ainsi vérifier la composition et la provenance de son linge de maison –Tex (Carrefour) a recours à la blockchain pour assurer sa traçabilité textile.
Ces attentes se renforcent avec la prise de conscience massive de la crise écologique et promettent de nouveaux usages. En effet, mesurer le coût carbone d’un produit fini et disponible dans les rayons nécessite de prendre en compte de nombreux paramètres et donc de repenser la traçabilité en conséquence.
La traçabilité face au défi du multimodal
Nous le savons, le transport fait aujourd’hui face à plusieurs défis majeurs, parmi lesquels l’indispensable décarbonisation du fret. Plusieurs solutions sont envisageables pour réduire l’impact du transport. Notamment le recours aux véhicules électriques ou hydrogènes et le report modal.
Le report modal en particulier intéresse les professionnels de la traçabilité. En effet, en concevant des solutions adaptées au transport intermodal, nous pouvons permettre aux industriels et logisticiens d’envisager plus facilement le passage d’un mode de transport à l’autre.
ACCELIIS développe actuellement une solution de lecture automatisée intermodale transport maritime/transport routier. Vous souhaitez en savoir plus sur cette innovation ? Contactez-nous !