Logistique et agroalimentaire : la Blockchain change la donne !
L’information a été largement diffusée début janvier : Carrefour trace par blockchain les textiles en coton bio de sa marque TEX. Nous sommes ici entre logisticiens, nous connaissons donc déjà, plus ou moins, la notion de Blockchain. Mais l’exemple de Carrefour nous montre comment l’utiliser pleinement : oui, la blockchain permet de sécuriser des données, de les partager de manière décentralisée. Mais au lieu de rester quasi confidentielle, son utilisation peut être mise en avant. Jusqu’à partager les données collectées avec le client final. Le caractère vertueux (ou en tout cas “vert”) de la supply-chain devient alors un argument de vente !
Chez ACCELIIS, cela nous a donné envie de nous plonger au cœur des applications métiers de la Blockchain. On vous emmène ?
La Blockchain : de quoi parle-t-on exactement ?
A première vue, il n’est pas évident de comprendre ce qu’est la Blockchain. Née avec les crypto-monnaies, liée au web et à la data, elle pâtit de leur mauvaise image. Ou plutôt de notre manque d’information sur le sujet. Pourtant, elle sort de plus en plus de ses applications purement financières pour servir le monde de l’entreprise. Nous avons donc tout intérêt à nous familiariser davantage avec cette technologie.
Il ne sera pas question ici de rentrer dans le détail technique. C’est pourquoi nous reproduisons la définition qu’en donne Blockchain France, et qui a le mérite d’être à la fois claire, complète et concise :
“La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle.
[…]
Par extension, une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.”
Il s’agit donc d’un registre crypté, organisé en blocs de données, auquel tous les utilisateurs peuvent accéder et contribuer.
Aux lecteurs les plus curieux, ACCELIIS conseille la lecture de l’article Qu’est-ce que la blockchain ? (Blockchain France).
Les caractéristiques de la Blockchain qui intéressent la logistique
L’intérêt de la Blockchain dans le secteur financier est assez évident et au-delà de la finance ses applications sont même assez variées. Mais qu’en est-il de la logistique ? Plusieurs caractéristiques peuvent s’avérer très intéressantes pour les acteurs de la supply chain :
- Les données sont stockées sur plusieurs serveurs différents, appelés nœuds. Il est donc plus difficile d’attacher la Blockchain qu’un autre système. Il s’agit donc d’un registre hautement sécurisé : une fois saisies, les données ne peuvent être modifiées.
- Aucun des acteurs n’a la main sur le registre ni ne le possède. C’est un algorithme qui orchestre la Blockchain. Tous les contributeurs sont égaux dans leur accès au registre.
- Le partage de données est entièrement transparent puisque tous les contributeurs ont accès aux mêmes informations au même moment. En incluant l’historique des différentes transactions et contributions.
Concrètement, en plus de créer de la confiance entre les contributeurs, le recours à la Blockchain en logistique permet d’augmenter l’agilité de l’ensemble des partenaires impliqués dans la supply chain. En parallèle, elle peut significativement faciliter et renforcer la traçabilité des produits.
Le partage des données est encore trop souvent limité aux fournisseurs et clients directs, voire aux seuls collaborateurs d’une organisation. Il y a bien évidemment plusieurs raisons à cela, dont la sécurisation de l’accès aux données, qui n’aurait donc plus cours avec la mise en place d’une Blockchain. La mise en commun des données est un enjeu de taille ainsi qu’un formidable levier de développement.
Sociétés : faire son choix entre les différents types de Blockchain
Jusqu’où partager les données du registre ? La blockchain peut être publique ou privée. Et lorsqu’elle est privée, elle peut être limitée à vos seuls collaborateurs comme à l’intégralité des partenaires en amont et en aval.
A priori, pour les acteurs de la supply chain la question pourrait ne pas se poser. Une Blockchain privée, accessible aux différents partenaires permet d’optimiser toute la chaîne, de sécuriser les process et d’anticiper les besoins. Un programme très prometteur qui ferait déjà le bonheur de nombreux logisticiens !
Mais les différents acteurs de la blockchain et de la supply chain n’ont pas pour seul et unique objectif la traçabilité ou l’agilité des organisations. Reprenons l’exemple de carrefour, que nous avons abordé en introduction de cet article. Il nous montre qu’inclure le consommateur final à la Blockchain est aussi une bonne stratégie, qui va d’ailleurs au-delà du marketing.
En effet, nous comprenons bien qu’en permettant au consommateur de vérifier la provenance et tout le parcours de l’article en coton bio qu’il a en main, la Blockchain devient un argument de vente :
- Susciter la curiosité du consommateur.
- Faire le buzz.
- Se positionner comme marque verte, à l’opposé du greenwashing ambiant.
Mais pas seulement ! En ayant accès au registre, le consommateur éclairé peut juger du caractère vertueux de toute la chaîne de production et d’acheminement. Ce qui met la pression sur l’ensemble des partenaires. La fiabilité de la chaîne s’en trouverait ainsi renforcée.
Nous mesurons encore mal la quantité d’applications à venir pour la Blockchain. Mais gageons qu’elle n’a pas fini de nous surprendre ! Si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que les experts du domaine ont en tête, ACCELIIS vous conseille l’excellent TED Talk de Claire Balva (CEO de Blockchain Partner) : La Blockchain: réinventer les rapports de confiance.
Blockchain et traçabilité
En tant qu’experts de la traçabilité logistique et agroalimentaire, les membres de l’équipe ACCELIIS s’intéressent de près à la Blockchain. Et pour cause, elle révolutionne totalement la traçabilité ! Pas nécessairement dans l’emploi de telle ou telle technologie sur le terrain, mais dans l’état d’esprit qui l’entoure.
En effet, d’un point de vue tangible, la Blockchain s’accommode très bien de saisies manuelles, accompagnée ou non de preuves documentaires, comme d’une lecture automatisée de codes-barres, d’étiquettes RFID ou de beacons. Ce n’est pas là que se trouve l’innovation.
Grâce à ce registre inviolable et totalement transparent, les opérations de tracing et tracking sont hautement facilitées.
“Concrètement, il s’agit pour l’ensemble des parties prenantes d’une chaîne logistique d’inscrire chaque étape du processus de fabrication d’un produit alimentaire, depuis sa production jusqu’à son lieu de vente, dans une blockchain.” (Blockchain France)
Ce degré de partage de données entre des organisations a rarement été atteint. Nul besoin d’une grande confiance entre deux entreprises pour cela. Et aucun rapport de force. La Blockchain, par son caractère décentralisé, facilite les échanges et permet d’identifier très rapidement les points de rupture. Dans l’agroalimentaire notamment, gagner du temps peut s’avérer vital lorsqu’il s’agit de retrouver la source d’une contamination !
La traçabilité est l’essence même de la blockchain. Les possibles applications sont, dans le détail, vraiment prometteuses.
Un pas de plus vers la digitalisation des organisations !
C’est un autre des avantages de la Blockchain. Tous les participants ont accès à l’intégralité des documents officiels, certificats, visas, etc. relatifs à la production concernée. De quoi éviter bien des cargaisons bloquées en douane !
Les industries impactées par la contrefaçon pourraient également différencier plus facilement leur production. De manière générale, le recours au registre sécurisé permet de lutter contre la fraude qui est responsable de pertes non négligeables voire pire dans l’agroalimentaire notamment.
Renforcer la confiance et limiter les pertes : ce sont là les promesses d’une chaîne logistique digitale.
L’avenir de la Blockchain
La littérature consacrée présente la Blockchain comme une innovation aussi importante que le fut l’arrivée de l’internet. Les entreprises qui cherchent simplement à s’approprier les caractéristiques utiles à leurs métiers feraient donc fausse-route. Ou en tout cas n’auraient pas véritablement saisi l’ampleur de l’opportunité. Les Blockchains privées sont pointées du doigts par les experts.
A ce jour, elle est encore peu déployée dans les entreprises européennes en dehors du secteur financier. Mais de plus en plus de sociétés et grands groupes s’y intéressent de près. Dans certains cas, l’adopter signifie bouleverser le fonctionnement des organisations. Dans d’autres cas, comme en logistique, son déploiement est plus fluide. Mais pour autant, les entreprises sont-elles prêtes à afficher publiquement leur métier ?
Outre les questions de confidentialité ou de transparence, ce sont aussi les experts qui font défaut. Car, soyons clairs, il est peu envisageable pour une entreprise de se lancer sans être accompagnée. Et qui dit rareté dit explosion du montant des prestations. Mettre en place la Blockchain a donc un coût encore très élevé.
Alors, est-ce le moment de passer à la Blockchain ? Si la réponse est propre à chaque organisation, il est dans tous les cas temps de s’informer et d’en mesurer la portée.
Acteur de la traçabilité logistique et agroalimentaire depuis 2004, ACCELIIS développe et intègre des solutions sur-mesure.
Une réponse
Bonjour,
Excellent article, je partage sur linkedin